Les cartes de vœux sont apparues en Angleterre au XIXème siècle avec l’avènement du timbre poste. Cette tradition est maintenant universellement répandue. La carte de vœux électronique est apparue dans les années 2000, avec comme conséquence la massification et la banalisation de l’exercice.
Avec les années, j’ai de plus en plus de mal avec cette tradition et j’en finis par redouter cette période. Les boites mails sont inondées de cartes de vœux toutes aussi insipides les unes que les autres, provenant de gens avec qui parfois, nous n’avons jamais échangé auparavant et dont nous découvrons à cette occasion que nous sommes dans leurs bases de données! Les messages sont de moins en moins personnalisés et de plus en plus banals, les animations aussi inutiles qu’enfantines.
L’exercice devient une corvée dont il faut se débarrasser au plus vite, mais auquel on ne peut complètement échapper, prisonniers que nous sommes encore de la pression sociale.
Alors bien sûr, dès le mois d’octobre, les agences de com nous expliquent l’importance de l’exercice et la nécessité de se démarquer, d’être créatif et drôle et insistent sur l’utilité de l’exercice pour se rappeler au bon souvenir d’un client. On comprend bien leur intérêt dans l’affaire.
Alors, j’ose affirmer que les vœux faits de cette façon ne servent à rien. Ceci n’empêchera pas que vous recevrez peut-être de la part de Laval Mayenne Technopole, l’organisation que je dirige, une carte de vœux électronique qui ne sera pas meilleure que les autres. Je suis un fervent adepte de l’alignement entre les paroles et les actes, mais sur ce coup, je ne suis pas encore assez radical.
Les vœux que j’aime
Il est par contre un exercice de vœux que j’adore, même s’il est difficile, c’est l’email intitulé “Bonne année xxxx” ou “Meilleurs vœux xxxx” que j’envoie tous les ans à mes collaborateurs autour du 31 décembre, et ce depuis 2012. Cet email, sans fioriture, sans design graphique, sans animation 3D sophistiquée, est un simple message sincère et personnel. Je vous partage ici quelques ingrédients de cette tradition que certains attendent avec impatience.
Un message en 3 parties
revenir sur l’année écoulée pour célébrer les réussites: repenser à chaque temps fort de l’année écoulée, en qualifiant ces moments d’adjectifs précis, intégrer à cette énumération des actions moins spectaculaires mais tout aussi essentielles à la réussite collective, pour que chacun comprenne que sa contribution est valorisée. Au final, cet exercice permet de se rendre compte de l’ampleur et de la diversité des tâches accomplies, et de remercier chacun.e pour sa contribution.
tracer les perspectives pour l’année qui vient et en donner le sens: décrire en quelques lignes les temps forts et actions principales de l’année qui vient avec les défis associés, recontextualiser ces projets et montrer comment ils s’inscrivent dans la stratégie globale, interpeller chacun sur ce qu’on attend de lui, donner du sens à l’action collective.
présenter des vœux personnels précis: les vœux concernent tous les aspects de la vie et il est important d’en formuler qui dépassent la banalité. A titre d’exemple, voici ce que j’écrivais pour l’année 2017: "Et bien sûr, sur un plan plus personnel mon vœu pour chacun d’entre vous est multiple : une santé de fer, des relations épanouies et enrichissantes, des rencontres surprenantes, de la bienveillance renouvelée, des rêves nouveaux, des souvenirs pour la vie, des joies simples, des yeux d’enfant, du rire libérateur, de la créativité surmultipliée, de la bonté débordante, des amis fiables, des victoires épanouissantes, de la confiance renforcée, de la sagesse apaisante. Le meilleur aussi pour les membres de vos familles qui sont vos alliés les plus précieux de votre équilibre et de votre dynamique.”
Inclure chaque collaborateur
Les vœux s’adressent à un collectif, mais chacun.e doit se sentir impliqué.e et concerné.e. Quoi de mieux que de mentionner chacun ou chacune par son prénom. Je fais cela au moment du bilan en associant chacun.e aux actions qu’il.elle a conduites, mais aussi au moment des perspectives en nommant chacun.e dans les défis qu’il.elle aura à relever. Cet exercice n’est pas simple, car il implique de bien connaître la contribution de chacun.e à la réussite collective, et bien sûr de n’oublier personne! Pour ceux qui dirigent une entreprise de grande taille, cet exercice pourra se faire au niveau des différents services, en laissant à chaque chef de service, le soin de faire cela plus individuellement.
Renouveler le style à chaque édition
Si vous êtes en poste plusieurs années, il va être nécessaire de renouveler le style afin que l’exercice ne devienne pas une répétition. C’est sans doute la partie la plus difficile, car elle demande un peu de créativité. Voici quelques idées que j’ai pu développer au cours des dernières années:
en 2014, j’ai imaginé pour chacun.e, ce qui avait pu être son plus beau souvenir de l’année
en 2018, j’ai repris les vœux que je formulais en 2017 et j’ai comparé avec ce que nous avions réellement fait
en 2015, j’ai formulé pour chaque membre de l’équipe une expression de ses qualités personnelles et de sa contribution au projet collectif
en 2017, j’ai fait un bilan en ressortant un grand évènement pour chaque mois
en 2016, c’était les 20 ans de Laval Mayenne Technopole, et j’ai fait une liste de 20 programmes que nous avons menés au cours de ces années et qui perduraient encore
en 2013, je n’étais pas rentré dans les détails de chaque projet, mais je m’étais contenté d’un MERCI que je partage ici:
M comme Minutie : Merci à chacun pour l’attention aux détails que vous avez prêtée toute l’année : en effet les grandes idées ne sont rien sans une exécution parfaite dans les moindres détails. Il y a tous ceux que j’ai vus, mais il y a surtout tous ceux que je n’ai pas vus car vous les avez traités consciencieusement au moment et où il le fallait.
E comme Engagement : Merci pour votre engagement : ce que nous faisons est difficile et le succès n’est possible que grâce au travail et à l’implication de chacun.
R comme Rire : Merci pour vos rires : chaque fois que je vous entends rire, je me dis que j’ai de la chance.
C comme Courage : Merci pour votre courage. C’est un mot qu’on n’utilise pas souvent, mais pourtant il en faut pour se lancer dans des tâches nouvelles, pour vaincre sa timidité, pour affronter des entrepreneurs parfois coriaces, pour résister au stress ou à la charge de travail.
I comme Innovation bien sûr : Merci pour votre créativité, votre adaptabilité, vos idées pour être toujours à la pointe de l’innovation comme notre métier l’exige.
Exprimer ses vœux n’a de sens que si ceux-ci ont du sens, s’ils sont pensés, réfléchis, personnalisés, sincères et profonds. Bien sûr pour atteindre cela, il faudra investir un peu de temps (pour moi, c’est 2 ou 3h pour le mail à mon équipe), mais ce temps sera mieux utilisé pour un email bien fait envoyé à vos collaborateurs, ou à vos meilleurs clients ou partenaires, que pour 1000 cartes impersonnelles signées à la va vite.
Tous mes vœux de réussites pour de bons vœux.
Pour aller plus loin au sujet de l’expression précise de la gratitude
Gratitude, bien-être au travail et bien-être social, une conférence de la chercheuse Rebecca Shankland
Le pouvoir de la gratitude, une conférence TEDx de Florence Servan Schreiber
La minute d’information
A l’occasion du West Data Festival, Laval Mayenne Technopole organise une conférence gratuite ouverte à tous, intitulée:
Ouvrir les champs de l’imaginaire, l’intelligence artificielle au service de la neurochirurgie
Images à l’appui, Pierre Jannin, directeur de recherches à l’Inserm et responsable d’une équipe à l’Université de Rennes 1, explique comment les nouvelles technologies permettent à la chirurgie des incursions incroyablement précises au cœur du cerveau et montre les enjeux d’une médecine personnalisée grâce à l’intelligence artificielle. Philippe Languille, comédien et metteur en scène, proposera un pas de côté fantaisiste ? Pour ces deux experts, si l’on n’ouvre pas les champs de l'imaginaire, toute recherche étouffe.