Du 14 au 16 mars, nous avons organisé le West Data Festival, le plus grand évènement de l’Ouest sur le sujet de la data et de l’intelligence artificielle. Créé en 2019, cet évènement en était donc à sa cinquième édition. Il poursuit sa croissance exponentielle et a réuni cette année 1000 visiteurs uniques malgré la grève des transports du 15 mars.
Nous (l’équipe de Laval Mayenne Technopole, organisateur principal de l’évènement) avons passé une semaine formidable.
En en reparlant quelques jours après avoir repris nos esprits, je réalise que nous avons vécu une expérience de “flow”, aussi appelée en français “état psychologique optimal”.
J’en profite donc pour vous faire découvrir, si vous ne la connaissez pas, cette réalité tirée du monde du sport, qui présente aussi un grand intérêt pour le monde du travail. Je vous donnerai quelques clés pour atteindre cet état et le reproduire le plus souvent possible.
Comme annoncé, il y a 15 jours, nous avons franchi le cap des 1000 abonnés à “Un pas dans l’inconnu”. Merci à chacune et chacun.
Avant de lire la suite, arrêtez-vous quelques instants et repensez à un moment très fort de votre vie, qui vous a procuré une émotion si intense que vous vous en souvenez parfaitement, un moment où le temps a paru suspendu, un moment où tout semblait facile et où vous avez réalisé une performance qui vous a surpris.
Ça y est ? Vous avez revécu ce moment de pur bonheur ?
Et bien, si vous ne saviez pas ce qu’est le “flow”, c’est exactement cela.
Le “flow” mal traduit en français par “état psychologique optimal”, est une sorte d’état second, où l’esprit totalement concentré sur le moment présent se détache du corps qu’il ne ressent plus, où le temps s’arrête, où les émotions sont intenses et quasi irréelles.
Mihály Csíkszentmihályi est un psychologue hongrois émigré aux États-Unis. A partir de 1975, en étudiant le bonheur, il théorise le concept de “flow” pour décrire les fameux “instants de grâce” que presque tout le monde a pu connaître au moins une fois dans sa vie.
Le “flow” a ensuite été surtout étudié dans le domaine du sport, en tentant d’en comprendre les ressorts pour pouvoir le déclencher aussi souvent que possible.
Il est malheureusement assez peu connu et pratiqué dans le monde professionnel, tout au moins en France.
Cet article ne cherche pas à faire une thèse exhaustive sur le “flow” mais plutôt à partager au travers de mon vécu, la compréhension que j’ai pu développer de cet état et des conditions qui permettent d’y parvenir. Les références que je donne en fin d’article permettront à celles et ceux qui le souhaitent d’approfondir le sujet de manière plus académique.
Un état de performance
Au delà d’être un état de pur bonheur, d’émotions intenses, le “flow” est avant tout un état de performance très au dessus de la moyenne des performances habituelles.
Pierre-Ambroise Bosse est un des rares athlètes français champion du monde. A Londres en 2017, il remporte haut la main la finale du 800 m devant le redoutable finisseur polonais Adam Kszczot, en plaçant une accélération foudroyante à 300 m de la ligne d’arrivée.
Quels sont les signes du “flow” ?
La dernière ligne droite est limpide, très fluide et sans effort apparent. Une fois la ligne franchie, PAB comme il est souvent surnommé, exprime un regard venu d’ailleurs. Celui-ci traduit l’état de sidération dans lequel il est. Un geste de la main exprime son incrédulité absolue par rapport à ce qui est en train de lui arriver. Il vit clairement un rêve éveillé d’une intensité hors normes.
Quelques minutes après la course au micro de Nelson Monfort, Pierre-Ambroise résume parfaitement l’état de “flow” : “Je ne l’explique même pas. J’ai eu l’impression d’être un gamin de 15 ans, moi, dans cette course. […] Je me suis fait couper la route assez vite, puis je me suis dit pourquoi pas tenter maintenant, pourquoi pas tenter quelque chose de fou. Dans la dernière ligne droite je ne comprenais pas, je vivais un rêve. Ils étaient derrière et je me suis dit c’est pas possible, en ce moment ce n’est pas moi qui suis en train de courir. Quand j’ai passé la ligne, sérieusement je n’y croyais pas, je n’y crois toujours pas en vrai.”
Avant la course, il avait confié à son entraineur Alain Lignier : “Je vais leur faire un tour de magie”.
En décortiquant ces quelques phrases, on identifie les différents éléments constitutifs de l’état de “flow”, que les sportifs appellent aussi “la Zone”:
“j’ai eu l’impression d’être un gamin de 15 ans” : l’état de “flow” est une forme d’insouciance où le plaisir d’être là est intense, comme celui de l’enfant émerveillé par une situation extraordinaire.
“je me suis fait couper la route assez vite, […] pourquoi pas tenter quelque chose de fou” : dans le “flow”, il n’y a plus de limites. La concentration est maximale et l’esprit efface tout élément extérieur perturbateur pour ne se focaliser que sur la réussite.
“je ne comprenais pas, je vivais un rêve” : le “flow” amène l’individu dans un état qu’il ne connait normalement pas, qu’il n’a jamais vécu, ce qui explique qu’il ne comprend pas ce qui lui arrive.
“en ce moment ce n’est pas moi qui suis en train de courir” : sous état de “flow”, l’individu sort littéralement de son corps et se voit en action en se demandant si ce n’est pas quelqu’un d’autre qui s’est emparé de son corps.
“je vais leur faire un tour de magie” : le “flow” est le résultat d’une intention. Il n’arrive pas par hasard.
Le sport fournit de nombreux exemples de “flow”, synonymes de grandes performances, inattendues et émotionnellement intenses pour les spectateurs aussi.
On peut citer par exemple le record du monde exceptionnel de Bob Beamon au saut en longueur des Jeux Olympiques de Mexico en 1968, la remontée fantastique de Floria Gueï aux championnats d’Europe de 4x400 m en 2014, les 13 points en 35 secondes de Tracy Mc Graddy qui ont permis en 2004 à Houston de battre les Spurs de San Antonio sur le fil, les deux records du monde du 400 m et du 800 m nage libre battus de plus de 2 secondes par Katy Ledecky aux Jeux Olympiques de Rio. Elle dira après la course : “Je me sentais si relâchée. Cela paraissait facile, et ce qui m’a surprise c’est d’avoir battu le record du monde.”
Mais si nous comprenons maintenant ce qu’est l’état de “flow”, quelles sont les conditions nécessaires, si ce n’est suffisantes pour y parvenir ?
Fixer correctement l’objectif
L’état de “flow” ne peut survenir que si le challenge visé est plus difficile que ce qui semble réalisable a priori.
Lorsque nous nous attaquons à des tâches faciles, que nous maîtrisons parfaitement, nous avons toutes les chances de nous ennuyer. Si par contre, nous partons à la conquête de l’Everest sans s’y être préparés, nous allons ressentir de l’angoisse et une peur paralysante.
Il est donc fondamental de définir un objectif qui sera jugé difficile mais pas impossible.
Dans le domaine professionnel, j’observe que cette définition des objectifs est souvent négligée. Je vois nombre de projets qui n’ont pas de vrais objectifs clairement formulés et quantifiés. Lorsque je suis invité à participer à de tels projets, j’ai conscience d’être souvent l’empêcheur de tourner en rond en posant la question du pourquoi du projet et celle des objectifs. A ma grande surprise, j’ai très souvent du mal à obtenir des réponses précises et enthousiasmantes. Il est alors certain que le projet ne rencontrera pas l’état de “flow”.
Cette incapacité à définir des objectifs se retrouve systématiquement dans les projets dont la seule raison d’être est de “faire pour faire”. Alors qu’on s’attendrait à ce qu’un projet soit lancé pour remplir des objectifs clairs en réponse à un besoin déterminé, il est désolant de constater que beaucoup de projets n’ont d’autres raisons d’être que d’occuper les gens, consommer le budget, satisfaire l’égo d’un chef. Ils répondent à des comportements psychologiques relevant de la force de l’habitude, de la peur du changement ou du choix du moindre effort.
Dans le cas de notre évènement, l’objectif avait été fixé dès l’été 2022. Nous voulions rassembler 1000 participants uniques. Cet objectif a l’avantage d’être simple, clair et facile à comprendre mais aussi de déterminer toute l’action : la logistique, la communication, la qualité de la programmation et le budget.
Comment avons-nous fixé cet objectif ? Nous avions déjà organisé quatre éditions de l’évènement et en reportant la fréquentation sur une courbe, nous avons observé que celle-ci collait parfaitement avec une exponentielle. En extrapolant, nous arrivions à 1000 visiteurs en 2023 et 1600 en 2024 et nous avons adopté ces objectifs de croissance.
Discutés en équipe, ils nous sont apparus atteignables tout en étant un vrai défi. Nous n’avions jamais organisé d’évènement pour 1000 personnes mais nous avions le savoir-faire d’organisation pour des évènements de plusieurs centaines de participants.
Dès le premier jour de préparation, nous nous sommes mis en condition de réussir ce défi en faisant évoluer nos pratiques pour dépasser ce que nous faisions habituellement. Je vois souvent des gens qui font d’années en années la même chose et qui s’étonnent de ne pas voir leurs résultats croître. L’adage qui dit que les “mêmes causes produisent les mêmes effets” se vérifie pourtant tous les jours !
S’entraîner dur
Le “flow” ne survient que chez les personnes surentrainées. En effet, le “flow” permet de dérouler parfaitement des actions sans que le cerveau ne soit occupé à les piloter. Ceci est possible car la répétition faite pendant l’entraînement a permis d’acquérir des réflexes qui libèrent le cerveau.
Dans le cadre du travail, l’entraînement résulte de la répétition des projets de même nature et de l’expérience acquise par l’équipe qui les conduit.
Pour notre évènement, l’équipe en charge du projet a plus de 10 ans d’expérience dans l’organisation et la communication, et c’était la troisième fois que nous organisions un évènement d’ampleur sur le lieu choisi pour le festival.
L’entraînement consiste aussi en la répétition des séquences élémentaires du projet. Des mois et des mois avant l’évènement et au cours de nombreuses réunions, nous avons rejoué chaque séquence (l’utilisation et l’aménagement des salles, la programmation, le séquençage de la communication, etc…).
Le fait de confronter les points de vue des différents membres de l’équipe, mais aussi celui des clients et des partenaires, permet de valider la pertinence de chaque séquence.
Un évènement avec autant de participants ne se joue qu’une fois. Pour s’entraîner, il faut donc utiliser la visualisation mentale. Cette technique très puissante permet de vivre en avance et autant de fois que l’on veut, une scène en particulier ou un enchaînement de séquences. Comme un rêve éveillé, cela permet de se rendre compte de détails qui ne fonctionnent pas, de s’entraîner à certaines situations difficiles, ou encore de vérifier le timing.
S’entraîner c’est aussi connaître toutes les situations à risque et anticiper en prévoyant des alternatives. Il faut que rien ne puisse nous surprendre le jour J et que tout ait été prévu.
Avoir confiance
Le “flow” ne s’obtient qu’en ayant une confiance en soi à son maximum. Même si l’objectif a été fixé au dessus de ce que nous avons déjà fait ou que nous sommes normalement capables de faire, il faut être confiant que l’on va réussir.
La confiance est nécessaire tout au long du projet qui peut durer de longs mois ou même plusieurs années. Cette constance dans la confiance est difficile, car les circonstances peuvent affecter notre moral et impacter notre confiance.
Les dates de notre évènement étaient bien sûr définies depuis longtemps. La montée en puissance du mouvement social début 2022 a pu entamer notre confiance : comment les grèves allaient-elles impacter l’affluence à notre festival ?
C’est là que la force d’une équipe entre en jeu. Il y avait toujours l’un d’entre nous pour afficher sa confiance lorsqu’un autre exprimait des doutes. La longue habitude de la pensée positive qui nous habite est certainement une force qui prépare à la situation de “flow”.
La concentration
Le “flow” nécessite une grande concentration.
Durant les 3 jours de notre festival, mais aussi le jour d’avant pour le montage et le jour d’après pour le démontage, l’équipe entière était mobilisée et entièrement consacrée à l’évènement. Jour après jour, chacun exécutait sa tâche bien définie en amont et suffisamment précise et simple pour qu’elle puisse être déroulée sans perturbation. Rien d’autre n’était prévu, afin que nous puissions rester concentrer sur ce qu’il fallait faire.
La concentration s’oppose à la distraction, et s’acquiert en faisant le vide en soi et en recentrant son énergie.
Toujours dans le domaine de l’évènementiel, un orateur qui veut réaliser une bonne conférence et recherche le “flow” devra être hyper-concentré. S’il monte sur scène après avoir rigolé avec quelques personnes, ou après avoir raccroché avec un client en colère, il est peu probable qu’il se lance sur de bons rails et atteigne le “flow”. Durant le festival, j’ai observé que les meilleurs conférenciers (et donc probablement les plus expérimentés) s’isolaient, prenaient ce temps avec eux-mêmes avant de démarrer. Même s’ils avaient besoin de dire quelques mots au technicien de régie, on les sentait complètement dans leur bulle.
La concentration est aussi un état qui permet de rassembler ses énergies, de mobiliser l’intégralité de son potentiel au service d’un seul objectif. C’est ainsi qu’il devient possible de sur-performer, car il n’y a aucune déperdition inutile dans la gestion d’éléments périphériques.
L’avènement des outils numériques qui prolongent nos propres organes est sans doute un des plus grands défis à l’éducation de notre faculté de concentration. D’où la montée en puissance des techniques méditatives, qui relevaient uniquement de la sphère religieuse il y a encore une vingtaine d’années.
Se concentrer c’est aussi vivre pleinement le temps présent, et non revivre le passé ou préparer le futur. La présence à l’instant qui passe, capacité elle aussi en voie de raréfaction, décuple nos sens et nous permet de détecter les signaux faibles avant-coureurs de catastrophes potentielles. Que ce soit le rictus d’un client, le signal non-verbal d’un partenaire, l’absence d’un micro sur une table ronde, ou l’erreur d’affichage du programme, être concentré permet d’entrer en action corrective avant même que personne n’ait remarqué.
Vivre pleinement le temps présent, c’est aussi dégager une forme de zénitude apaisante. Il nous arrive parfois de participer à un évènement (je reste dans ce domaine pour les exemples, mais on pourrait prendre de nombreuses autres situations de travail), où l’on voit les équipes d’organisation courir à droite et à gauche en exprimant une certaine panique, et même exprimer une certaine tension qui suggère qu’il doit y avoir des problèmes. Même si tout cela est transparent pour le visiteur, l’impact n’est pas neutre et le stress se transfère subrepticement à lui. Sans qu’il ne s’en rende compte, son “expérience client” est entachée, et il vivra moins bien le moment. A contrario, la zénitude des organisateurs apaise les visiteurs et alimente leur inconscient d’impressions positives. C’est subtil et peut-être secondaire penserez-vous, mais je crois que cela participe aussi à la réputation et donc au succès futur.
Le plaisir
La cinquième condition pour atteindre le “flow” est le plaisir.
Si l’instant vécu n’est pas un plaisir, mais est considéré comme une corvée, ou un mal nécessaire, il est parfaitement impossible d’atteindre le “flow”.
Le plaisir d’arriver à la conclusion d’un long travail préparatoire tout comme celui de l’athlète qui arrive aux Jeux Olympiques après quatre années de préparation, est le plaisir du travail bien fait.
La préparation est finie, l’entraînement est derrière soi, on ne peut plus rien changer ou améliorer. Pourquoi stresser ? Pourquoi s’inquiéter ? Si tout a été bien fait avant, il faut seulement s’ouvrir au plaisir du moment présent, apprécier chaque chose qui se déroule comme prévu ou mieux que prévu.
Durant tout notre festival, je ne manquais pas de circuler dans le grand centre de conférences et d’apprécier le déroulé fluide de ce que nous avions imaginé il y a bien longtemps. En croisant un membre de l’équipe, nous ne manquions pas d’échanger rapidement quelques points positifs (certains diraient peut-être faire de l’autosatisfaction ! ), ce qui contribuait à renforcer la confiance et éprouver du plaisir.
Le plaisir est aussi celui procuré par les remerciements des clients ou des partenaires qui expriment leur satisfaction et parfois même sur les quelques points où nous avions pourtant vu des petits défauts (car le “flow” ne signifie absolument pas la perfection).
Le plaisir enfin de vivre un instant unique et de le partager en équipe. A la fin de l’évènement, plusieurs personnes de l’équipe ont spontanément noté que la semaine avait été une formidable expérience de team-building ! Il n’est pas toujours nécessaire d’aller faire du saut à l’élastique dans le Vercors !
Rester dans la “Zone”
Pour conclure, écoutons Kobe Bryant. L’homme aux 81 points dans le même match, sans doute l’un des sportifs les plus aptes à se retrouver régulièrement dans la “Zone”, exprime à sa façon cet état si spécial, que je vous souhaite à toutes et tous d’éprouver régulièrement dans votre vie professionnelle :
“Quand vous arrivez dans cette “Zone”, vous avez une confiance absolue. Vous savez que ça va rentrer. Il n’est pas question de “si” ou de “peut-être”, ça va dedans !!
Les choses ralentissent, tout ralentit …, vous avez juste une confiance suprême.
Lorsque que cela vous arrive, il faut vraiment ne pas essayer de se concentrer sur ce qui se passe autour de vous. Parce que vous pouvez perdre la “Zone” en une seconde. Tout devient un Bruit. Il n’est pas ici ou là, tout est un Bruit. Vous ne faites pas attention à l'un ou l'autre.
Vous devez rester vraiment dans l'instant, ne laissez rien casser ce rythme. Quand vous arrivez dans la “Zone”, vous essayez d’y rester, vous devenez inconscient de ce qui se passe autour de vous, de la foule, de l’équipe, vous ne pensez pas, vous restez un peu là, vous êtes comme enfermé dans le présent.”
Pour aller plus loin
Flow, le secret du bonheur, conférence TED de Mihaly Csikszentmihalyi (2004)
Kobe Bryant - Explains Being In the Zone, documentaire NBA Entertainment (2009)
« La zone », le mystérieux état second dont rêvent les sportifs, Renée Greusard pour L’Obs (2016)
Flow State: Definition and Tips to Get Into Flow, Tchiki Davis, Berkeley Well-Being Institute
La minute d’informations
Je me permets de partager ici des informations ou activités sans liens obligatoires avec le thème de l’article, mais dans lesquelles je suis impliqué.
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Merci Christian.
Cela me rappelle une aventure de "flow" intense que je me permet de partager ici.
Il y a quelques années, j'étais sur l'île d'Alderney, pour un spectacle de danse dans lequel je remplaçais une pianiste malade. C'était dans le cadre d'un festival.
Je devais repartir en avion, mais le brouillard empêchait mon avion de décoller et tout avion d'atterrir.
Dans l'un des avions qui ne pouvaient atterrir, il y avait le pianiste du récital chant/piano du soir, le clou du festival. Son avion a du faire demi-tour.
L'organisatrice vint me trouver et me demanda si je pouvais remplacer ce pianiste. Il était 17h, le récital était à 19h30. Le chanteur était déjà là.
Le programme ? des œuvres interdites sous le IIIème Reich. Que personne ne joue jamais. Justement pour les faire découvrir.
Donc, 100% déchiffrage.
Le chanteur était ok pour que je l'accompagne, nous parcourons toutes les partitions, une seule fois. Pas le temps de travailler.
Nous n'avons même pas eu le temps de déchiffrer la pièce prévue pour le bis.
J'étais sur mon petit nuage. Heureuse de relever ce défi : un récital entièrement en déchiffrage !
Heureuse de sauver le concert.
Heureuse d'accompagner un chanteur hors pair.
Et heureuse que mon talent serve à quelque chose de grand.
Entracte : tout le monde me dit que c'était "Amazing". Je n'ai jamais entendu ce mot autant de fois.
Arrive le bis : deux pages photocopiées. Arrivée vers la fin de la seconde page, je m'aperçois que la pièce n'est pas finie... mais pas de 3ème page ! J'ai donc du inventer l'accompagnement de la dernière partie. Je pense que le chanteur à frémi quelques secondes. Tout s'est bien fini.
J'avoue que je n'ai jamais eu d'émotions plus intense.
J'étais effectivement en pilotage automatique, comme si ce n'était pas uniquement moi qui gérait les choses. Je laissais mon cerveau et mon corps faire leur job, et je regardais tout ça d'un œil éberlué. À chaque seconde, je pouvais me crasher.
Alors oui, le flow, c'est ce que tu dis : un état second, qui ne peut être présent que si on est en train de faire un truc qui sort totalement de l'ordinaire.
Merci Christian, de m'avoir rappelé ce moment de grâce.