#41 Etre soi-même gagne du temps
Gagner du temps, c’est accomplir plus en prenant plus de plaisir.
Quand j’étais petit, la remarque récurrente sur mon bulletin scolaire était: “un peu lent”.
J’ai toujours eu un rapport au temps compliqué et douloureux. J’ai donc dû développer d’autres qualités pour compenser cette difficulté et malgré tout réussir à faire beaucoup de choses.
Pour beaucoup d’entrepreneurs et de managers, le temps est un sujet de préoccupation. Tout s’accélère, les outils numériques nous poussent à faire toujours plus, et les distractions sont toujours plus nombreuses.
La frustration dans la gestion du temps est souvent au rendez-vous. Les mêmes difficultés se reproduisent. Les recettes des livres de gestion du temps ont l’air simples. Mais pourquoi sont-elles si difficiles à appliquer pour certains d’entre nous?
Avant de commencer
Vous lisez cette Newsletter et vous souhaiteriez que je traite certains sujets qui vous tiennent à coeur, n’hésitez pas m’écrire pour les proposer. Il suffit de répondre au mail que vous recevez.
Vous pouvez aussi commenter les articles, en cliquant sur la bulle en début ou en fin de post.
Vous aimez l’article, merci de cliquer sur le cœur.
Dans le sondage que j’ai réalisé il y a quelques semaines, certains disaient ne pas avoir pensé à partager les articles sur les réseaux sociaux. Pour faire découvrir ce contenu au plus grand nombre, j’ai besoin de relais. Chacun de vous peut être un relais sur les réseaux sociaux, mais aussi dans son entreprise, avec ses connaissances. Merci d’avance.
Vous lisez cet article, mais vous n’êtes pas encore abonné, vous pouvez le faire tout de suite. Vous recevrez chaque mardi à 9h, un nouvel article de cette Newsletter. C’est gratuit! Et j’offre un livre sur l’innovation au 600ème abonné!
Je n’ai jamais réussi à appliquer les recettes, et vous?
La recherche “gestion du temps” sur Amazon à la rubrique livre, renvoie des centaines de pages. Le sujet est tellement pregnant que de nombreux auteurs s’y attaquent chaque année, en rassemblant des dizaines de trucs et astuces pour économiser du temps et gagner en productivité.
Personnellement, je n’ai jamais rien tiré de ce genre de livres, qui accumulent les recettes aux noms exotiques comme par exemple: GTD, ZTD, POMODORO, NERAC, Coupe Tranche à Fromage, … (Noms de méthodes extraites du livre “Gérer son temps grâce à 3 méthodes, 7 techniques, 27 règles et une histoire frappante”, de Dorian Vallet).
Intellectuellement, je comprends chacune de ces méthodes et je les trouve plutôt logiques et assez simples. Elles doivent surement marcher pour certains. Pour ma part, je n’ai jamais réussi à les appliquer! Elles ne me correspondent pas.
L’erreur de tous ces livres est de faire croire aux gens que gérer et optimiser son temps consiste à appliquer une série de règles.
L’autre frustration dans ce domaine est la lecture de témoignages de gens particulièrement efficaces: vous savez, ces patrons capables de découper leurs 15 heures de travail quotidien en plages de 5 minutes chacune dédiée à une tâche précise, capables de tenir 6 entretiens par heure.
Ces gens exceptionnels s’apparentent plus à des robots qu’à des personnes, et ne peuvent en aucun cas être pris pour des modèles, sous peine d’être éternellement frustré de ne même pas leur arriver à la cheville après 10 ans d’efforts.
Nous sommes tous différents
Pendant longtemps, le temps était proportionnel à la durée de rotation de la terre sur elle-même, puis à la durée de rotation de la terre autour du soleil. Aujourd’hui, il est un multiple de l’oscillation émise par un électron qui change de niveau énergétique.
Ces définitions pourraient laisser penser que le temps s’écoulant linéairement et inlassablement, tout le monde devrait en avoir la même perception.
Il n’en est rien. Le rapport au temps n’est pas mathématique. Il dépend de nombreux facteurs parmi lesquels la personnalité, le caractère, le rythme biologique, l’âge, le stress, …
Comme nous sommes tous différents au regard de ces facteurs, notre perception du temps, notre façon de l’appréhender et de le gérer est différente. Ceci explique surement pourquoi, il est si difficile d’apprendre des autres sur ce thème.
Deux visions du temps
Ce n’est que très récemment que j’ai compris qu’il y avait deux façons d’appréhender le temps.
Il y a ceux qui terminent un RV parce que c’est l’heure, et il y a ceux qui le terminent parce qu’il n’y a plus rien à dire.
Il y a ceux qui se donnent deux heures pour écrire un rapport, et ceux qui s’arrêtent quand ils sont satisfaits de ce qu’ils ont fait.
Il y a ceux qui planifient leurs voyages et se tiennent à leur programme quoi qu’il arrive et ceux qui se laissent porter par ce qu’il se passe.
Il y a ceux qui vous parlent en pensant à ce qu’ils vont faire après, et ceux qui vivent pleinement le moment présent, en oubliant ce qu’ils ont fait avant et vont faire après.
Il y a ceux qui sont toujours à l’heure et ceux pour qui l’heure n’est qu’un indicateur parmi d’autres.
Ces deux visions du temps et de son usage sont irréconciliables.
Comprendre de quel côté on se situe est essentiel pour trouver son équilibre et être aligné avec soi-même. Comprendre comment on fonctionne permet de choisir la bonne façon de progresser sans être frustré et sans perdre son âme.
Alors, faut-il changer de personnalité?
Changer sa personnalité pour devenir un autre en suivant des règles est non seulement difficile, déprimant et frustrant, mais en plus pourrait s’avérer totalement inefficace.
Les outils de test de personnalité (Comcolors, MBTI, TMS, 16 personnalités, …) mettent en évidence des profils de personnalité très différents. L’avantage de ces outils dans le management, c’est qu’ils ne stigmatisent aucun type de personnalité. Ils mettent seulement en valeur les différences et permettent de comprendre les comportements de chacun dans des situations données.
En voyant le type de conseils de gestion du temps donnés dans la plupart des livres dédiés au sujet, on comprend assez vite qu’ils ont une chance de marcher pour les personnalités méthodiques et structurées (les profils “bleu” dans l’outil Comcolors), mais qu’ils vont beaucoup plus mal correspondre aux personnalités créatives (les profils “jaune”).
Quand j’ai découvert que j’étais “jaune” et pas “bleu” comme ma formation d’ingénieur me l’avait fait croire, j’ai arrété d’essayer d’appliquer les recettes de type “bleu” pour optimiser la gestion du temps.
Etre une meilleure version de soi-même est un projet beaucoup plus stimulant et porteur d’espoir, qu’essayer d’être une copie forcée d’un modèle dans lequel on ne se sent pas à l’aise.
Etre soi-même sans se résigner
Se connaître, comprendre qui nous sommes est un travail payant pour progresser. Cela évite de chercher des solutions là où elles ne sont pas et de perdre du temps à se discipliner dans un chemin qui est une impasse.
Admettre qui nous sommes ne signifie surtout pas s’en tenir là et être fataliste. Etre lucide sur ses défauts et conscient de la nécessité de progresser est une saine éthique de vie.
Ceux qui sont naturellement réceptifs aux conseils des spécialistes de la gestion du temps (les “bleus” qui sont toujours à l’heure pour caricaturer), gagneront encore en efficacité et trouveront de la satisfaction à apprendre de nouvelles méthodes. Je les encourage donc à lire les livres de recettes sur la gestion du temps et à essayer les méthodes, jusqu’à ce qu’ils trouvent celles qui marchent le mieux pour eux.
Par contre, les “jaunes” qui vivent intensément l’instant présent, n’arrivent pas à se mouler efficacement dans des recettes d’efficacité totalement contre nature. Plutôt que d’essayer, il va falloir s’améliorer sur d’autres aspects pour devenir plus efficace.
Quel chemin pour les créatifs?
Pour tous ceux qui comme moi ne se retrouvent pas dans les recettes des livres sur la gestion du temps, et qui ne culpabilisent plus de ne pas y arriver, que reste-t-il?
Sans en faire des règles, je vous partage ici quelques façons de faire qui marchent pour moi et qui pourraient vous aider, si vous ne les avez pas encore découvertes.
la créativité prolixe fait gagner beaucoup de temps. Face à un problème difficile, être créatif permet de trouver des solutions plus rapides que les solutions classiques qui prennent souvent plus de temps et d’énergie. En développant encore sa force, le créatif va progresser et générer toujours plus d’idées pour gagner du temps dans un projet.
la paresse pousse à réfléchir avant de s’attaquer à une tâche répétitive et rébarbative. Plutôt que de chercher à optimiser la gestion de cette tâche, prendre le problème à contrepied fait souvent gagner beaucoup de temps.
le partage: plutôt que de garder ses problèmes ou ses projets pour soi, en parler à tous ceux qu’on rencontre, permet de trouver des solutions et de l’aide, et souvent de façon inattendue. Ce sera autant de temps gagné.
la curiosité exacerbée offre des réserves d’idées et de solutions. S’intéresser à tout permet d’engranger un savoir et une expérience qui vont ressortir au bon moment pour faire gagner un temps précieux.
la confiance en soi permet de se lancer sans procrastiner dans des projets complexes. En allant droit au but en étant persuadé de réussir, on minimise le temps à passer.
la visualisation mentale permet un entraînement qui ne dépense aucun temps puisqu’il est fait en laissant vagabonder son esprit dans des temps perdus. Après s’être bien entrainé, la réalisation du projet est souvent très efficace et plus rapide.
la délégation en confiance permet de gagner beaucoup de temps sans s’inquiéter du résultat et passer son temps à superviser.
le renoncement aux tâches pour lequel vous n’êtes pas fait. En acceptant que vous n’êtes pas bons partout et en vous entourant de personnes complémentaires, vous allez élaguer votre agenda et devenir plus productif sur ce que vous préférez faire.
Gérer son temps ne se résume pas à des astuces
Vous cherchez à mieux gérer votre temps, à gagner du temps pour faire plus et atteindre vos objectifs.
Avant toute chose, il faut essayer de bien se connaître pour adapter sa stratégie à sa personnalité.
Le développement personnel consiste plus à développer ses points forts qu’à travailler ses faiblesses jusqu’à ce qu’elles deviennent des forces. Devenir meilleur, c’est redresser ce qui est un peu tordu, plutôt que forger une masse informe, pour en faire une épée tranchante.
Gagner du temps, ce n’est pas seulement économiser des secondes pour les remplir aussitôt par d’autres actions tout aussi asséchantes.
Gagner du temps, c’est accomplir plus en prenant plus de plaisir. Tout ce qui contribue au résultat et à l’épanouissement, va donc dans le sens recherché.
En expérimentant, vous trouverez votre voie et vous verrez que cela va souvent à l’encontre des théories productivistes et fordistes qui se cachent dans les conseils des gestionnaires de temps.
PS: Ne jettez pas le bébé avec l’eau du bain. Il y a quand même quelques bons conseils dans ces livres: la matrice d’Eisenhower en est un, par exemple.
Pour aller plus loin
Un pas dans l’inconnu #12 Et si Thierry Henry avait raison ?