Nous sommes dans la période des bonnes résolutions.
Les magazines nous concoctent leurs 12 bonnes résolutions pour 2024, les copy-writers proposent à leurs clients de partager leurs bonnes résolutions à leurs réseaux pour montrer qu’ils démarrent bien l’année, et les youtubeurs mettent en scène leurs nouvelles routines de vie issues de résolutions prises à la va-vite.
Et c’est bien sûr sans parler des bonnes résolutions collectives comme le “dry january” dont les médias mainstreams, fans des marronniers qui leur évitent d’être créatifs, vont parler pendant quelques semaines.
Sans tomber dans ces travers, j’ai pensé que ce thème pouvait être un bon sujet pour démarrer l’année de la bonne façon.
Bonne année 2024
Au lancement de cette Newsletter, j’avais écrit un article un peu provocateur intitulé “Les vœux ne servent à rien, sauf ….” (UPI#2). Il reste d’actualité et je vous invite à le lire ou le relire.
En guise de vœux pour vous, chères lectrices et chers lecteurs, je vous propose deux phrases issues des vœux que j’ai envoyés à mon équipe et qui traduisent mon état d’esprit du moment :
“Nous ne savons pas de quoi 2024 sera faite, quels seront nos moments de joie et de tristesse, mais soyons résolument tourné vers les autres, ouverts et attentifs, généreux et altruistes, inspirants et énergisants, loyaux et sincères. En donnant beaucoup, nous recevrons encore plus et l’année sera belle.”
Merci de me rester fidèles pour 2024 ! Je serai heureux d’être présents à vos côtés tous les mardis.
Avant de commencer
Lors du dernier numéro, je vous incitais à m’écrire pour partager vos retours et j’ai reçu ce mail sympathique.
“J’avais envie de vous écrire pour faire suite à votre dernière newsletter.
Je suis une fidèle lectrice, certes passive, mais toujours attentive à vos sujets et la manière dont vous les abordez.
Je ne suis pas entrepreneure, je n’ai pas de clients à proprement parler, je suis directrice salariée d’une association qui œuvre dans le domaine de la santé.
Pour autant les questionnements que vous soulevez sont les mêmes et je me les applique aisément dans mon contexte. Je viens de me réapproprier Pareto et le ‘good enough’ arrive à point nommé dans une de mes réflexions du moment.
Tout cela pour dire, qu’il ne doit pas y avoir d’exhaustivité dans vos cibles 😉 ! Votre newsletter fait écho aux « non-entrepreneurs » également et c’est en ce sens que je partagerai encore votre newsletter à mon cercle professionnel !”
Merci pour ce message ! Je suis heureux que ce contenu parle plus largement qu’à la cible visée initialement. Ce message sera l’occasion d’une rencontre prochaine avec cette personne que je ne connaissais pas.
Vous aussi, vous souhaitez interagir avec moi, mais vous n’osez peut-être pas. N’hésitez plus, car je me ferai un plaisir d’échanger avec vous !
A très bientôt, donc !
Partons des définitions
Le mot résolution a de nombreux sens, dont certains peuvent nous éclairer dans la bonne compréhension de ce qui se cache derrière une bonne résolution. Quatre présentent un intérêt particulier :
Le premier fait référence à la décision volontaire prise par un individu après mûre réflexion.
Le second désigne la qualité d’une personne qui agit de manière résolue, avec détermination, énergie et fermeté.
Le troisième décrit l’opération par laquelle l’esprit résout une difficulté ou un problème, comme par exemple la résolution d’une équation mathématique.
Le quatrième est un texte écrit par une assemblée suite à un débat résumant sa position vis-à-vis du problème posé.
Il en est d’autres moins usités dans le langage commun, mais qui sont aussi intéressants :
En droit, la résolution désigne l’annulation d’un contrat pour inexécution des conditions.
En physique, la résolution est la décomposition d’un corps en ses éléments constituants.
En technologie, la résolution désigne la plus petite valeur qui peut être mesurée par un instrument.
Mais alors qu’est-ce que serait une bonne résolution ?
Au vu des différents sens du mot résolution, je vous propose une définition de ce que serait une bonne résolution.
Une bonne résolution est une décision volontaire, mûrement réfléchie en vue de traiter dans la durée un problème ou une difficulté, prise par une personne déterminée ayant la ferme intention de ne rien lâcher.
Cette approche disqualifie immédiatement toutes les résolutions prises à la va-vite un soir de réveillon, sur un coup de tête, pour faire comme son ami, pour redémarrer du bon pied, pour changer dans le seul but de changer ou sous la pression du groupe.
Adieu aussi aux bonnes résolutions toutes faites des magazines ou des influenceurs, aux résolutions superficielles qui ne changent rien de fondamental ou qui ne correspondent pas à une vraie problématique importante.
Nous avons tous des millions de choses que nous voudrions changer dans nos vies et qui peuvent constituer autant de résolutions à prendre.
S’il suffisait de constater un problème, une insatisfaction, un dysfonctionnement et d’écrire une résolution pour y remédier, la vie serait simple et nous serions tous presque parfaits.
Pourquoi est-il si dur de tenir une bonne résolution ?
En 2007, le psychologue Richard Wieseman a suivi 3000 personnes pendant un an suite à leurs résolutions du nouvel an. Alors que 52% pensaient réussir, seuls 12% ont terminé l’année en ayant tenu leurs résolutions.
Nous avons tous échoué lamentablement dans des résolutions du nouvel an ou d’un autre moment d’ailleurs, si bien que nous pensons peut-être qu’il est vain de vouloir en prendre.
Il y a surement une infinité de raisons pour lesquelles nous échouons dans la tenue de nos résolutions, mais la plupart réside dans le fait que ce ne sont pas des “bonnes résolutions” au sens défini plus haut.
Nos résolutions ratées tombent dans l’un ou l’autre, ou plusieurs des travers suivants :
elles ne sont pas volontaires, mais prises sous le coup de la pression de l’entourage, ou de l’influence d’une personne,
elles ne sont pas mûrement réfléchies, mais prises à la va-vite sans en mesurer les conséquences ou sans s’y être préparé,
elles ne s’attaquent pas à un vrai problème, suffisamment important et prioritaire,
nous ne sommes pas assez déterminés au moment de prendre ces résolutions.
Dans le cas où notre résolution est une bonne résolution qui coche la définition donnée plus haut et que nous échouons malgré tout, les raisons tiennent le plus souvent à la méthode mise en œuvre, pour les échecs qui bien sûr ne relèvent pas de facteurs externes à notre propre action et indépendants de notre volonté.
Un archétype de mauvaise résolution
Notre président nous promet en ce début d’année une loi de “simplification massive et d’accélération” pour tous les secteurs de l’économie.
Cela pourrait ressembler à une bonne résolution à l’aune de notre définition. Le problème est certain et maintes fois constaté. Il est d’ampleur et le corriger aurait certainement un impact majeur. On ne peut douter que cela soit mûrement réfléchi puisque la préoccupation du président pour ce sujet ne date d’hier. En 2015 il avait mis en œuvre en tant que ministre le choc de simplification de son prédécesseur. Quant à la détermination, notre président n’en manque pas.
Pourquoi donc, cette résolution serait au final une mauvaise résolution ?
une résolution qu’on doit prendre de façon récurrente laisse penser qu’on ne s’y attaque pas vraiment ou pas de la bonne façon, car sinon le problème serait déjà résolu.
la résolution va à l’encontre des missions de l’administration qui est censée la mettre en œuvre. La raison d’être d’une administration est de mettre des règles et des process, de prévenir des fraudes et de contrôler, autant de missions qui vont à l’encontre de la simplification.
la méthode choisie n’est pas de nature à conduire à un résultat. J’ai eu la curiosité d’aller sur le site de la grande consultation lancée par le gouvernement pour préparer ce travail. Le niveau des propositions ne vole pas haut ! Cela oscille entre généralités les plus banales, évidences et gestion de cas particuliers. Rien d’étonnant à cela. J’ai déjà écrit là-dessus (UPI#7). La méthode n’est pas bonne. Elle ne cherche d’ailleurs pas à l’être, puisqu’il s’agit simplement de démagogie.
On a dans cet exemple, l’archétype des mauvaises “bonnes résolutions”, qui sont donc vouées à l’échec par construction.
Ce sont des résolutions qu’on prend régulièrement parce qu’on ne réussit jamais à les conduire avec succès, qui traitent de sujets qu’on n’a pas vraiment envie de résoudre au fond de nous-mêmes (même si intellectuellement on croit sincèrement qu’il faudrait le faire) et en plus on s’y prend de la mauvaise façon.
Avant de prendre une résolution, il va donc falloir la passer au crible de ces trois paramètres qui prédisent un échec assuré :
le problème est-il récurrent et la résolution est-elle la n-ième ?
a-t-on vraiment envie de résoudre le problème et y-a-t-il en nous ou autour de nous des intérêts contraires à la résolution du problème ?
avons-nous la bonne méthode pour s’attaquer au problème ?
Un bon GPS
Pendant les fêtes de fin d’année, j’ai écouté l’excellent épisode du podcast de Matt Gray au cours duquel il reçoit Ali Abdaal.
Si vous ne connaissez pas encore ces personnes, voici quelques mots de présentations. Matt Gray est un serial entrepreneur qui accompagne aussi les entrepreneurs au travers de ses formations. Ali Abdaal est un médecin anglais devenu youtubeur d’abord pour aider les étudiants à passer leurs examen à l’université de médecine, et aujourd’hui centré sur les sujets de productivité. Les deux ont des énormes audiences et ont incroyablement réussi.
Ali Abdaal partage sa méthode pour être productif et réussir ses bonnes résolutions. Il l’appelle G.P.S.
Goal : il faut d’abord définir un objectif. Si votre bonne résolution est de maigrir, il faudra d’abord définir combien de kilos vous voulez perdre. La résolution de maigrir ne suffit pas, il faut quantifier l’objectif.
Plan : il faut ensuite un plan, un programme d’action. S’agira-t-il de maigrir en faisant du sport, en faisant un régime, en étant suivi par un nutritionniste ? Il faut établir un plan aussi précis que possible.
System : il faut ensuite un système, c’est-à-dire une déclinaison concrète, semaine par semaine du plan avec des indicateurs à mesurer pour s’assurer qu’on est bien en ligne avec l’objectif. Voir UPI#32.
Si vous repensez à des résolutions qui n’ont pas abouti, il manquait surement au moins un des trois ingrédients ci-dessus.
L’ingrédient le plus difficile à ajouter dans la recette du succès est le Système. Le Système, c’est lui qui permet de créer la routine quotidienne et de la mesurer. C’est donc lui avec qui nous vivons au jour le jour, c’est à lui qu’il faut s’accrocher pour réussir. Comme le système est très concret, proche de nous, facile à comprendre, il nous rassure. L’objectif est lointain, le plan est conceptuel. Ils ne peuvent suffire à nous conduire à la victoire.
Il n’y a pas de succès sans action
Je suis un fan de John Maxwell. Pour terminer cet article, je vous partage un conseil de John entendu dans une vidéo diffusée sur Instagram en décembre :
“Il n'y a pas de succès sans action. C'est un fait. Si vous ne faites pas ce que vous savez devoir faire aujourd'hui, la question que je me pose est la suivante : quand allez-vous le faire ?
Honnêtement, le seul temps dont nous disposons est le présent, alors je vous encourage à faire en sorte qu’aujourd’hui compte.
Nous surestimons ce que nous pourrons faire demain, nous exagérons ce que nous avons fait hier, mais nous sous-estimons ce que nous pouvons faire aujourd'hui. Devinez quoi ? Aujourd'hui, c'est maintenant. Alors ne procrastinez plus. Allez-y, faites-le.”
Très souvent les résolutions restent des promesses, des engagements, des mots en fait.
Les résolutions au final ne sont pas importantes. Ce qui compte c’est l’action et l’action commence aujourd’hui.
Bonne année d’actions !
Bonne année Christian !
Merci pour ce partage encore plein de sens et de pertinence. Agir, vivre dans le moment, deux conditions de la réalisation...et de santé mentale.
Beau mois de janvier à toi !