Le 18 novembre, nous fêtions les 25 ans de Laval Mayenne Technopole, l’association que je dirige. La soirée fut plutôt réussie au dire des participants et des retours sur les réseaux sociaux.
Parmi les nombreuses personnes avec qui j’ai échangé à la suite de cette soirée, plusieurs ont abordé spontanément la question de la prise de risque. Certes nous avons fait quelque chose de différent de ce qu’on peut voir habituellement dans ce type de soirées, mais je n’avais pas non plus l’impression de prendre un risque inconsidéré !
Cela m’a fait réfléchir et je vous propose donc d’aborder cette question de la prise de risque en entreprise. Jusqu’où aller ? Quelles sont les conditions de la réussite malgré le risque ? Pourquoi est-ce nécessaire ?
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Pour celles et ceux qui n’étaient pas présents, qu’avons-nous fait pour les 25 ans de Laval Mayenne Technopole ? Nous avons monté une exposition d’artistes qui étaient appelés à s’exprimer sur l’innovation, organisé une soirée animée par une comédienne déguisée en licorne, au cours de laquelle était projetée l’histoire de la technopole racontée en BD humoristique, puis nous avons conclu la soirée en montant sur scène pour chanter une chanson écrite pour l’occasion sur l’air de “On ira tous au paradis”.
Rien de bien risqué à vrai dire !! Qu’est-ce qui a pu donner ce sentiment de prise de risque à plusieurs participants ? Le fait de sortir de notre métier pour créer une exposition culturelle ? Le fait de prendre un ton décalé dans un cadre institutionnel d’habitude plutôt convenu ? Le fait de monter sur scène sans avoir peur du ridicule ? Sans doute un peu de tout cela, chacun évaluant le risque à l’aune de ses propres peurs, de sa propre expérience et de la culture de son entreprise ou de son organisme.
Le risque pimente la vie
Il y a un an, quand il a fallu penser à cette célébration des 25 ans, je souhaitais faire quelque chose d’innovant à l’image du message que nous délivrons à longueur d’année. Toujours cette nécessité d’être aligné (voir UPI#9).
Innover revient à faire quelque chose pour la première fois. C’est une tautologie, mais il est bon de le rappeler. Innover sera donc toujours une prise de risque, puisqu’on doit imaginer quelque chose qu’on ne connait pas et donc forcément minimiser les difficultés que l’on va rencontrer.
Pour ma part, innover est une nécessité vitale. Refaire ce que je sais faire me lasse, et m’ôte toute énergie. Faire quelque chose pour la première fois présente une excitation supérieure à la peur légitime que crée l’approche de l’inconnu.
Prendre un risque donne du relief à la vie, colore les évènements, allume les émotions et offre des souvenirs impérissables.
Le risque demande une vision et du sens
Le risque n’est pas une fin en soi. Le prise de risque n’existe pas pour elle-même.
La prise de risque s’insère dans un plan et répond à une expression de sens.
Organiser une exposition d’artistes n’était pas une façon de sortir de cadre juste pour se prouver qu’on en était capable ou juste pour se faire plaisir. Ce choix était une prolongation plus aboutie de ce que nous avions fait pour l’anniversaire des 20 ans où nous avions invité Vanluc pour une conférence et une performance artistique. Ce choix permettait de formuler le processus créatif de l’innovateur en le comparant à celui de l’artiste et de produire ainsi une réflexion sur notre métier.
Choisir une licorne pour l’animation était une référence précise aux startups à forte valorisation appelées “licornes” qui nous permettait d’exprimer une ambition. La bande-dessinée assurait une cohérence avec le thème de l’art, tout en allégeant la transmission du message sérieux que nous voulions faire passer.
En créant cette exposition et ce spectacle, nous savions exactement les messages que nous voulions transmettre et le sens que nous voulions donner à cette soirée. Durant toute la préparation, nous n’avons eu de cesse de concrétiser la vision claire que nous avions dès le début.
Je vois trop souvent des innovations qui ne sont que le fruit d’une expression technologique, sans réflexions sur le message (comment je communique avec le client), sur le sens (comment je répond à un besoin) et sur la vision (pourquoi j’innove et où je veux aller). Elles se traduisent souvent par un échec cuisant, renforçant ainsi le mythe que l’innovation est risquée et difficile.
Prendre un risque en innovant et réussir demande de savoir pourquoi on le fait et quel sens on y donne, et d’avoir une vision claire de là où on veut arriver.
Le risque s’appuie sur une équipe solide
Prendre des risques en environnement professionnel est toujours une aventure collective. Prendre des risques seul s’apparente à une fanfaronnade et relève de la faute professionnelle.
Le leader qui entraîne son équipe dans une prise de risque doit s’assurer des prérequis suivants :
son équipe lui fait une totale confiance. Sans confiance, la moindre difficulté créera un recul de l’équipe, suscitera de la peur et du doute sur la réussite du projet. Le doute portera alors les germes de l’échec.
son équipe possède les compétences suffisantes pour le projet envisagé. Tout projet innovant pour lequel l’équipe n’a pas d’expérience, peut se décomposer en tâches élémentaires demandant des compétences particulières. Le leader devra être certain que les compétences requises sont présentes dans son équipe. La prise de risque sans les compétences de base conduit assurément à l’échec et peut être dangereuse.
son équipe est agile et créative. Tout projet risqué comporte son lot d’aléas. Si l’équipe est trop rigide, ou n’est pas habituée aux changements et adaptations de dernières minutes, le projet pourrait ne pas aboutir.
L’équipe s’entend ici au sens large, car bien souvent un projet nécessite de recourir à des prestataires extérieurs à l’entreprise. Le choix de ces prestataires est aussi important que le choix des équipiers de l’entreprise.
Comme avec les collaborateurs, il est essentiel d’expliquer aux prestataires le sens du projet et de les associer à la prise de risque. Il est fortement recommandé de travailler avec des prestataires connus, qui ont été éprouvés au cours de projets précédents.
Une équipe confiante, compétente et agile est indispensable à la réussite d’un projet risqué. Avec une équipe récemment formée, ou encore inexpérimentée, il conviendra de franchir progressivement des étapes avant de s’attaquer à de gros projets risqués.
Le risque exige de la liberté
Les entreprises fortement hiérarchiques, les administrations très centralisées rendent difficile voire impossible la conduite de projets risqués.
La nécessité de faire valider chaque étape, chaque choix, alourdissent le processus et plombent l’agilité. Plus grave encore, elle rabote la capacité créative et la prise de risque même. Celui ou celle qui doit valider sans être impliqué aura toujours tendance à se protéger en limitant la prise de risque.
Mais la plus grande liberté qu’exige la prise de risques est la liberté de s’affranchir du regard des autres et du qu’en-dira-t-on.
Faire quelque chose pour être conforme aux codes d’un milieu, aux habitudes établies, à la tradition, ou pour éviter la critique, la peur d’être mal vu ou l’atteinte à sa réputation sont autant de limites à l’innovation, à la liberté de faire autrement pour faire mieux.
Malheureusement, ce poids invisible des codes sociaux d’un milieu professionnel donné est très présent et limite considérablement la prise de risque obérant parfois pour de longues périodes le potentiel d’innovation.
La liberté d’agir autrement demande donc le courage de s’affranchir des poids sociaux pour affirmer sa vision.
Le risque demande des concessions
Un projet risqué ne peut être conduit comme un projet classique, en suivant pas à pas chaque étape et en déroulant un plan préétabli.
Durant la préparation de notre séance d’anniversaire, nous avons à plusieurs reprises dû changer de plan, abandonner des idées pourtant intéressantes, ou accepter de baisser nos exigences.
Les contraintes budgétaires et les contraintes de délai sont souvent inamovibles. Nous avions très tôt fixé la date de notre anniversaire au 18 novembre. Tout au long du projet, il a fallu tenir compte de cette contrainte. Être prêt le 19 en étant parfait ne sert à rien. Mieux vaut être prêt le 18 avec un degré d’exigence moindre.
Dans un projet risqué, le chef de projet doit savoir à tout moment arbitrer entre ce qui est non négociable et ce qui peut être amendé voire abandonné. En plus de l’exposition des artistes, nous avions imaginé une présentation muséographique de certaines pièces témoins de l’histoire de la technopole. Nous avons dû renoncer par manque de temps et de moyens.
La flexibilité, l’appréciation correcte de la charge de travail, de la capacité à tenir les délais, et le sens des arbitrages sont autant de qualités indispensables à la réussite des projets risqués.
Le risque récompense la sincérité
De nombreuses personnes ayant participé à notre évènement ont exprimé combien celle-ci était à notre image.
La sincérité est un alignement profond entre ce qui réside en notre fort intérieur et ce qui en transparait dans nos actes et nos paroles.
En faisant sincèrement ce à quoi on croit, en mettant son cœur dans la réalisation de son ouvrage, on minimise très nettement les risques d’échouer. La sincérité simplifie l’action : nul besoin de feindre, nulle crainte que les actions ne soient pas alignées aux paroles, nul risque que le discours sonne faux.
J’ai un jour refusé une proposition de notre prestataire en communication pour un thème de campagne assez décalé qui aurait sans doute pu faire mouche. Cependant, il n’était pas aligné avec ce que nous sommes. Cette prise de risque aurait conduit à un échec car nous n’étions pas en mesure d’assumer cette image.
La sincérité a le pouvoir de créer des émotions positives chez celles et ceux qui en sont témoins. Elle donne beaucoup de force et de sérénité à celles et ceux qui en font preuve.
Le risque paye
La prise de risque dans les conditions restrictives que j’ai données ci-dessus paye. C’est en tout cas mon expérience depuis de nombreuses années.
Innover et réussir est notre devise. Tout innovateur qui réussit en ressort grandi. Il devient celui qui a osé, celui qui a franchi le mur invisible qui empêchait d’autres d’agir.
La réussite génère de la confiance pour la tentative suivante et la prise de risque se transforme ainsi en cercle vertueux.
La fierté que procure le dépassement de soi crée une cohésion et une motivation importante pour l’équipe.
L’expérience acquise dans un projet risqué et très supérieure à celle obtenue sur un projet plus classique, et donc la progression d’une équipe régulièrement confrontée à des projets risqués sera très importante, lui permettant d’accéder à des projets de plus en plus risqués.
Loin d’être une mise en danger, la prise de risque est un mode de management qui permet de motiver son équipe, d’obtenir des résultats, de se différencier. C’est pour cela que les entreprises qui innovent dans les bonnes conditions, continuent de le faire.
La prise de risque est addictive et s’en passer n’est pas possible. Au sortir d’un projet réussi, je propose généralement à mon équipe le prochain défi plus important encore !
Vous aussi, faites un pas dans l’inconnu et prenez votre risque. N’oubliez toutefois pas les conditions qui vous éviteront de vous brûler les ailes.
Pour aller plus loin
La minute d’informations
Je me permets de partager ici des informations ou activités sans liens obligatoires avec le thème de l’article, mais dans lesquelles je suis impliqué.
Laval Mayenne Technopole, le Village by CA de Laval et le Syndicat Mixte Ouvert Mayenne Très Haut Débit organisent un appel à manifestations d’intérêt sur les usages des objets connectés à un réseau LoRa Mayennais.
Il s’agit d’identifier des solutions de collecte, d’analyse et d’exploitation de données issues d’objets connectés dans les thématiques suivantes :
Télé-relève de l’eau,
Gestion des bâtiments,
Éclairage public,
Gestion des déchets
L’accompagnement des collectivités sur l’intégration des solutions IoT
Vous apportez des solutions de valorisation des données ? Faites-vous connaître auprès des collectivités mayennaises, en complétant le formulaire disponible en cliquant sur le bouton suivant avant le mardi 14 décembre à 18h.