Cette semaine, une entrepreneure que j’accompagne m’a dit : “je ne suis pas sûre d’être sur la bonne voie”. Elle voulait dire qu’elle n’était pas sûre de faire exactement ce qu’il faut faire pour réussir. Pour la rassurer, je lui dit qu’il n’y a pas de bonne voie !
Entreprendre, ce n’est pas assembler un meuble Ikea en suivant le mode d’emploi, ce n’est pas passer le code de la route et répondre correctement aux différentes situations proposées. Entreprendre, c’est trouver sa voie et écrire son histoire, une histoire unique !
Ceci dit, j’admets que savoir cela n’aide pas beaucoup à décider ce qu’on doit faire au quotidien. Je vais donc partager quelques principes pour trouver sa voie !
Avant de commencer
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Je vous incite souvent à partager les articles qui vous plaisent. Merci à celles et ceux qui le font. Voici quelques partages récents :
Benjamin Perrin a partagé UPI #56 dans son excellente newsletter “Plumes with attitude”
Perrick Besnard a partagé UPI #51 par mail avec sa base client
Julien Legat, le CEO de Kosmoss a partagé UPI #55 dans sa Newsletter LBDO
Carl Chenet a intégré Un pas dans l’inconnu à son annuaire des Newsletters Lesnewsletters.com
Yoann, Virginie, Albert, Claire-Emmanuelle, Patrice, Ludovic, Aurélien ont partagé récemment un numéro sur Linkedin ou Twitter en y ajoutant une touche personnelle, et des dizaines d’autres lecteurs ont commenté et répondu aux différents posts, d’autres ont simplement partagé. Merci à toutes et à tous pour ce temps passé et ces gestes qui contribuent à faire connaître Un pas dans l’inconnu.
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Regarder le sommet
Quand j’étais jeune, j’aimais faire du vélo dans mes Cévennes natales. J’appréciais particulièrement l’ascension des cols au petit matin. Pour certains d’entre eux, le col était visible depuis le fond de la vallée, sans qu’on puisse voir toute la route qui y menait.
Voir le sommet, l’objectif à atteindre renforce la motivation. La route est souvent longue et sinueuse, invisible en grande partie, mais elle conduit au but.
Cette allégorie s’applique à l’aventure entrepreneuriale. Dès le début, il est important de voir l’objectif, de savoir quel est le but à atteindre, de fixer l’horizon.
Quand je rencontre des entrepreneurs pour la première fois, je leur demande souvent la fin de l’histoire : comment se voient-ils dans 10 ans, dans 20 ans ? Quelle est leur ambition ? Créent-ils une entreprise pour s’assurer un revenu ou veulent-ils créer un leader ?
Sans objectif précis, difficile d’avancer.
L’objectif ne donne pas la route mais il donne la motivation. L’objectif éclaire le sens de l’action au quotidien pour tenir bon quand la pente se raidit.
Avancer pas à pas
Paris ne s’est pas faite en un jour. Cet adage populaire véhicule un principe essentiel : celui des petits pas. Théorisée en méthode d’amélioration continue sous le nom de “kaizen” par les japonais, ce principe de bon sens est extrêmement puissant et libérateur.
La littérature consacrée aux startups ensense la réussite éclair. Telle startup a levé x millions dès sa première année, telle autre a une croissance de 1000% ou a ouvert son 300ème point de vente en moins de 2 ans. Ces réussites fulgurantes restent des cas isolés très minoritaires et ne doivent pas être pris pour une norme. De plus, elles cachent souvent un long temps de maturation, un réseau pré-constitué et influent, des coups de pouce exceptionnels et parfois aussi ne sont que des feux de paille.
La réalité commune qui ne saurait être déshonorante, est faite de petits pas qui mis bout à bout font émerger une construction solide. La seule façon de parvenir en haut du col est de faire un tour de pédalier après l’autre !
En envisageant des pas à sa portée, l’entrepreneur renforce sa confiance. A l’inverse, vouloir griller les étapes et atteindre tout de suite des sommets peut se révéler destructeur. Je me souviens d’un entrepreneur que j’accompagnais, qui ne voulait pas faire des actions simples à sa portée, mais voulait tout de suite réaliser de grands projets. Il n’a bien sûr jamais réussi son entreprise, alors que son projet était tout à fait pertinent et viable, et cet égo démesuré a même ruiné sa vie.
Non content de toujours permettre d’avancer dans le bon sens, la méthode des petits pas libère de la peur de ne pas être à la hauteur de l’immensité de la tâche, du stress de la trop grande quantité de travail à accomplir et de l’angoisse de la page blanche.
Utiliser ce qui est disponible
Il y a deux façons de préparer un repas. Écouter son envie et vouloir préparer le plat qui émoustille nos papilles, ou bien ouvrir son frigo et voir ce qu’il est possible de cuisiner avec ce qui est disponible.
La première stratégie est sans doute plus satisfaisante mais demande un effort considérable : trouver la recette pour peu que nos rêves dépassent nos compétences, sortir faire les courses pour peu que l’heure le permette, rassembler l’équipement nécessaire en espérant qu’il soit disponible, et cuisiner en tentant d’être à la hauteur de nos ambitions.
La seconde stratégie est plus modeste mais au combien plus efficace. En utilisant ce qui est disponible et en s’appuyant sur nos savoir-faire, nous atteignons rapidement l’objectif, et pouvons ainsi consacrer notre énergie pour aller à l’étape suivante.
Cette approche a un nom : c’est l’effectuation. Avancer en utilisant ce qui est effectivement disponible et ce que nous savons faire, plutôt que ce qui est idéalement souhaitable ou théoriquement optimum mais qui demande des ressources et des compétences que nous n’avons pas.
Tout comme la méthode des petits pas, cette approche relève du bon sens. Elle n’est pour autant ni naturelle ni évidente. Je vois en permanence des entrepreneurs essayer de prendre des chemins inaccessibles, se plaindre qu’ils n’y arrivent pas et négliger ce qui est à leur portée. Quel syndrome nous conduit à une telle attitude ?
Ce que nous savons, ce que nous connaissons, les gens qui nous entourent, les relations que nous avons dans un cadre donné, nous sont familières et en deviennent banales et presque sans saveur. Nous n’arrivons pas à imaginer que ce sont les ingrédients de notre succès, car nous sommes encouragés par l’environnement médiatique et la culture de la réussite ambiante à penser que réussir nécessite des compétences de super-héros, des moyens colossaux et des façons de faire extraordinaires.
L’effectuation demande un passage au crible créatif de nos relations, de nos compétences, de nos moyens pour imaginer une recette accessible qui nous permettra d’avancer d’un pas dans le sens de l’objectif qui nous anime.
Saisir les opportunités
Il y a bien des années, j’avais un collègue qui préparait méthodiquement chacun de ses voyages avec des guides (c’était avant internet !). Lorsqu’il arrivait sur place il visitait ce qu’il avait prévu, dans l’ordre prévu sans dévier du programme pré-établi. Il revenait fatigué mais en ayant la satisfaction du devoir accompli !
J’ai horreur de cette approche et je fais exactement le contraire. Je me laisse guider par l’instinct et l’attrait des lieux. Bien sûr, par ignorance de leur existence, je rate beaucoup de choses qui auraient pu m’intéresser. Mais le sentiment de liberté, l’émotion de la découverte et l’excitation de la surprise valent bien mieux que la satisfaction d’avoir fait ce qu’il fallait.
Il en est de même dans l’entrepreneuriat. Vouloir établir une route trop précise, écrire un plan trop détaillé et ensuite s’acharner à l’exécuter coûte que coûte n’est pas la meilleure façon de réussir.
Lorsque Bernard Fort lance sa startup Tennaxia en 2001, il pense que son logiciel de suivi environnemental s’adresse aux PME. Pourtant les premiers clients sont des grandes entreprises. Ce n’est que bien des années plus tard qu’une offre a pu être déclinée pour les PME. Cette souplesse dans le plan a fait le succès.
Saisir les opportunités, être à l’affut des rencontres qui changent les destinées, laisser parler son instinct, sont autant de situations qui peuvent remettre en cause les routes pré-établies. L’entrepreneur doit cultiver cette capacité d’adaptation sans toutefois perdre le cap et se disperser.
L’équilibre précaire entre la nécessité de rester “focus” sur ses objectifs et celle de saisir les opportunités définit la route de la crête qui mène au succès.
Mesurer la route
Dans l’ascension d’un col, les bornes hectométriques et kilométriques sont des repères essentiels. Couplées au chronomètre, elles marquent l’avancée de l’effort.
Dans sa quête quotidienne d’avancées, l’entrepreneur doit identifier les bornes et établir les métriques de sa route.
Pour chaque étape identifiée, ayant une échéance visible (quelques semaines ou quelques mois tout au plus), il est important de définir des objectifs chiffrés et mesurables. Le travail consiste alors à mettre en œuvre un plan d’action afin d’atteindre ces objectifs en mesurant régulièrement la progression. Lorsque les indicateurs montrent que l’on s’éloigne de l’objectif, des mesures correctives doivent être prises.
Je vois souvent des entrepreneures ou des entrepreneurs qui comprennent qu’il faut être présent et communiquer sur les réseaux sociaux. Mais ils n’ont aucune stratégie, ne se donnent aucun objectif et se contentent de communiquer quand ils y pensent. Ceci ne sert pratiquement à rien.
Les réseaux sociaux et plus largement la communication sont des outils au service d’un objectif. Le simple fait de mesurer certains indicateurs régulièrement conduit presque mécaniquement à faire ce qu’il faut pour les améliorer (voir UPI #32 consacré à ce sujet).
En découpant la route en section mesurables et en pilotant les yeux rivés sur le compteur, l’entrepreneur évite de s’égarer et de tourner en rond.
Être soi-même
Chaque semaine, je lis ou j’écoute des histoires d’entrepreneurs, des témoignages, des interviews, des podcasts et je recommande vivement à toute entrepreneure et tout entrepreneur en devenir d’en faire autant. Il n’y a pas meilleur moyen d’apprendre le métier.
En s’inspirant de celles et ceux qui ont réussi, et en comprenant pourquoi certains ont échoué, on saisit progressivement les différentes facettes de ce métier complexe. On comprend aussi qu’aucune histoire n’est identique, que des méthodes contradictoires peuvent conduire au succès, que des approches radicalement opposées peuvent être également efficaces, et que des circonstances identiques ou des idées similaires ne conduisent pas forcément au même résultat.
Plus on s’intéresse à l’histoire des entrepreneurs dans tous les secteurs et dans tous les pays, plus on réalise qu’entreprendre est une affaire très personnelle. Autant il va être simple de remplacer un pilote d’avion par un autre pilote d’avion également formé, autant chaque entrepreneur est unique à la tête de son entreprise.
L’entrepreneur doit s’inspirer de ses pairs mais sans chercher à les copier aveuglément ou à se comporter comme ceux qu’il admire. C’est en étant lui-même que l’entrepreneur parviendra à écrire sa plus belle histoire.
Être soi-même ne signifie pas qu’il faut toujours faire ce qui vient à l’esprit, sans chercher à apprendre de ses erreurs ou à progresser là où on est faible.
Être soi-même signifie qu’il faut se connaître, utiliser et renforcer ses forces, jouer avec ses meilleurs atouts, et développer une approche personnelle et originale des situations (voir UPI #8 où j’ai développé cette idée).
La bonne voie
La bonne voie est celle qui vous correspond, celle qui vous rend heureuse ou heureux, celle qui se mesure, celle qui utilise les ressources à votre disposition, celle qui se chevauche à petits pas, celle qui saisit les opportunités pour bifurquer sans toutefois perdre des yeux l’objectif final !
La bonne voie est celle qui commence par Un pas dans l’inconnu, et qui chaque jour au sortir d’un virage bien négocié, fixe à nouveau un cap, tout aussi inconnu que ceux qui ont précédé, et qui ainsi de proche en proche gravit les pentes qui mènent au sommet !
Pédalez sans douter, vous êtes sur la bonne voie !
Pour aller plus loin
Qu’est-ce que l’effectuation ? les principes de Saras Sarasvathy, la chercheuse à l’origine de cette théorie.
Le témoignage de Bernard Fort, fondateur de Tennaxia, le leader français du reporting RSE, à l’occasion des 25 ans de Laval Mayenne Technopole
La minute d’informations
Je me permets de partager ici des informations ou activités sans liens obligatoires avec le thème de l’article, mais dans lesquelles je suis impliqué.
Le 3 juin 2021, Laval Mayenne Technopole organise à l’hippodrome de Laval un évènement consacré à l’innovation.
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Merci 🙏toujours extrêmement pertinent, et tous ces conseils sonnent vrai cela me fait écho.