Dans UPI#25, Denis Troch nous expliquait son concept de boîte de confiance.
Un vieux post Linkedin de Mickaël Aguilar, un célèbre conférencier sur la vente et la motivation m’a donné envie de revenir sur ce sujet primordial de la confiance en soi.
Dans ce post, Mickaël Aguilar partage simplement une vidéo où l’on voit un enfant tirer avec son tracteur à pédale son père dont le vrai tracteur est embourbé dans le chemin. Il l’accompagne de cette simple légende “L’art de motiver et de fabriquer de la confiance en soi…”
En lisant les commentaires laissés par les internautes, j’ai été surpris de constater que nombre de ces commentaires étaient négatifs et contestaient l’interprétation de Mickaël Aguilar. Pas étonnant que tant de gens aient une confiance en eux aussi basse, s’ils ont eu des parents ou des professeurs à l’image de ces grincheux qui commentent la situation en expliquant que ce n’est pas bien de tromper les enfants !
Quels sont les ressorts de la confiance en soi ? Comment se construit-elle ? Comment l’appréhender dans le monde du travail ?
A lire et relire
Dans cette rubrique, je vous propose de relire quelques articles anciens que je regroupe par thème.
Apprendre en permanence, garder l’envie, l’agilité et la curiosité pour progresser est sans doute une des qualités les plus importantes pour faire la différence sur le long terme.
#18 Vivre, c'est apprendre : la vie personnelle et professionnelle nous offrent de nombreuses occasions d’apprendre. Encore faut-il les saisir.
#30 Apprendre pendant ses loisirs : et oui, les loisirs sont aussi une incroyable source d’apprentissage.
#58 Tout savoir s'apprend : la veille, un bon moyen d’apprendre
Préambule
Avant de dérouler le contenu aussi structuré que possible de cet article, je me dois de faire un petit “disclaimer” pour éclairer ma relation avec ce sujet essentiel mais souvent compliqué de la confiance en soi.
Sans faire preuve de vantardise (relisez UPI#96 si vous le pensez), je peux affirmer que je suis doté d’une très bonne confiance en moi. En écrivant sur le sujet, il est donc possible que je sois biaisé et que je ne maîtrise pas toutes les difficultés de celles et ceux qui se battent au quotidien avec leur confiance. J’espère cependant leur apporter quelques clés pour progresser dans ce domaine.
Mais d’où vient cette chance, comme vous pensez peut-être en lisant ces lignes ?
Il n’est jamais facile de savoir exactement pourquoi nous sommes ce que sommes, mais j’ai identifié quelques éléments dans mon passé qui ne me semblent pas étrangers à la construction d’une bonne confiance en moi :
J’ai eu des parents aimants qui m’ont toujours encouragé et valorisé.
Celles et ceux qui sont des habitués de cette Newsletter, savent déjà que mon père est un ébéniste très talentueux capable de tout fabriquer de ses mains et à qui aucun problème ne résistait. Le voir réparer toutes les pannes sur n’importe quel appareil, démonter et remonter les moteurs de voitures, rénover de fond en comble sa maison, et fabriquer des meubles tous aussi magnifiques, m’a donné l’illusion que tout était possible et que rien ne pouvait résister à celui qui s’attaque à un défi sans crainte.
J’ai toujours été un bon élève ce qui a l’avantage d’être souvent félicité par les professeurs et bien sûr par les parents !
J’étais cependant nul en sport. De la sixième à la troisième, j’ai eu un professeur de gymnastique extraordinaire qui m’a donné l’amour du sport au point qu’au lycée j’avais suffisamment de confiance pour vouloir devenir prof de sport !
Fort de cette confiance développée dans l’enfance, j’ai pu affronter avec succès de nouveaux défis à l’âge du lycée (comme par exemple devenir interprète d’une conférence internationale ou intégrer le bureau national d’une association de lycéens et diriger le magazine de celle-ci) puis dans mes jeunes années d’adulte (comme partir à Taïwan à une époque où très peu d’étrangers y étaient et apprendre le chinois en 6 mois, ou commencer ma carrière de chercheur par un énorme projet qui a conduit à une première mondiale).
Voilà c’est posé ! Je parle d’un sujet que je connais, mais en même temps je ne connais pas vraiment le manque de confiance. Je suis à votre écoute si j’ai faux sur l’un ou l’autre des points développés ci-dessous.
Ces éléments biographiques donnent déjà quelques clés sur les fondamentaux de la construction de la confiance. Notre environnement y contribue, les personnes qui nous entourent jouent un rôle fondamental, nos expériences réussies y participent.
Maintenant, dire qu’il faut avoir des parents aimants, des professeurs passionnés et passionnants, des managers bienveillants et attentionnés ne va pas beaucoup aider celles et ceux qui manquent de confiance, sans doute justement parce qu’ils n’ont pas eu ce type de personnes autour d’eux.
J’ai donc plutôt cherché comment construire sa confiance sans s’appuyer sur un environnement positif, mais en travaillant sur soi-même.
Identifier ses points forts
On ne peut pas être bon partout. La confiance n’est pas réservée aux surdoués qui maîtrisent tout ce qu’ils font. La confiance se construit d’abord en identifiant ses point forts.
Dans une très belle interview, Ludovic Hureaux le fondateur d’Attractive World puis de Shapr partage un moment de vérité précieux. Quelques mois après le lancement de Shapr aux États-Unis, le succès n’est pas au rendez-vous. Alors que sa première startup a été un succès, Ludovic ne comprend pas pourquoi cette fois ça ne marche pas. Il perd alors la confiance accumulée dans ses premières années d’entrepreneuriat. C’est en discutant avec un stagiaire que le déclic se produit. Celui-ci lui fait un retour assez incroyable : “Ludovic, ta force c’est que tu es capable d’embarquer les gens, d’avoir une vision et de donner à tout le monde de se donner à fond pour y arriver”.
Ludovic explique que cette phrase lui a redonné confiance en ses capacités d’entrepreneur et l’énergie pour repartir et faire un pivot qui a permis à l’entreprise de trouver son marché.
En découvrant ou redécouvrant qu’elle était sa vraie force, Ludovic a retrouvé une bouée à laquelle s’accrocher alors qu’il n’avait plus pied et était en train de couler.
Connaître ses points forts et y revenir pour se ré-ancrer et se rassurer est une des briques essentielles de la confiance.
Au passage, relisez UPI#8, dans lequel j’explique en prenant exemple sur Zidane, la nécessité de renforcer encore ses points forts.
Puisqu’il est si important de connaître ses points forts, puisque cela renforce la confiance et puisque la confiance est si importante, quel plus beau cadeau pouvons-nous faire à un collègue ou un collaborateur que de pointer sans ambage son point fort, à l’instar du stagiaire de Ludovic Hureaux.
Quand avez-vous pour la dernière fois regardé un collègue, un collaborateur ou un manager droit dans les yeux, en lui exprimant de façon claire et explicite ce que vous avez perçu être son point fort ?
Je ne sais quelle fausse pudeur nous empêche de faire cela. Essayez ! Vous verrez que cela fait beaucoup de bien à celui ou celle qui reçoit vos paroles mais aussi à vous-même.
Et comme un clin d’œil, au moment où j’écris ces lignes, je reçois un message d’un collaboratrice qui m’envoie une vidéo de John Maxwell, un célèbre expert du leadership américain, avec ces mots qui m’ont beaucoup touchés : “on dirait qu’il parle de vous”. Dans cette vidéo, il décrit l’attitude d’un leader qui partage ses meilleures expériences avec son équipe qu’il aime.
Expliciter les points forts de quelqu’un construit sa confiance. Existe-t-il un outil de management plus efficace et plus puissant que celui-ci ?
Verbaliser la réussite
J’assistais récemment à la présentation de Geoffrey Gorisse, un chercheur des Arts et Métiers Paristech à Laval, sur ses résultats de recherche sur le comportement créatif de personnes participant à une expérience virtuelle dans la peau de Léonard de Vinci1.
Lors d’une séance de créativité divergente, les personnes utilisant un avatar de Léonard de Vinci ont eu 47% d’idées en plus que celles ayant un avatar à leur image.
Cet effet appelé l’effet Proteus n’est pas sans rappeler l’effet Pygmalion, plus connu sous le nom commun de prophétie autoréalisatrice.
Lorsqu’un regard positif est porté sur un individu qui fait face à un challenge, ses chances de réussir augmentent. Lors d’une expérience, Rosenthal et Jacobson à l’origine de cette théorie ont montré que des élèves à qui l’on avait arbitrairement attribué un QI plus élevé tout en faisant connaître ce QI à leurs professeurs sans leur révéler la supercherie, ont effectivement vu leur QI augmenter.
En portant un regard positif sur un collaborateur, le manager va effectivement d’une part se comporter différemment avec lui et d’autre part amener le collaborateur à performer pour être à la hauteur des attentes.
Cette attitude positive envers le collaborateur comporte plusieurs étapes :
la croyance sincère en ses chances de réussir,
la volonté réelle de lui déléguer une tâche importante,
l’affirmation claire d’un objectif attendu,
l’expression explicite d’une confiance dans la réussite,
le soutien et l’encouragement tout au long du déroulé de la tâche,
la célébration de la réussite,
la verbalisation précise et détaillée des points remarquables.
Le manager a donc un rôle déterminant dans la construction de la confiance en soi de son équipier. Cette attitude positive si elle est adressée à une équipe entière produit un effet similaire. L’équipe gagne en confiance et trouve les moyens de s’organiser collectivement pour atteindre les objectifs.
En l’absence de manager ou en présence d’un manager qui ne pratique pas l’effet Pygmalion, la construction de la confiance en soi est plus difficile mais demeure possible. La prophétie autoréalisatrice s’applique aussi aux paroles que nous nous prononçons à nous-mêmes.
En verbalisant à haute voix et plusieurs fois la réussite par des phrases aussi simples que “je vais réussir ce projet”, “je vais finir à l’heure”, “je vais atteindre l’objectif”, nous externalisons la prophétie du succès comme si elle était dite par quelqu’un d’autre. Une façon encore plus forte de procéder est de visualiser quelqu’un que nous aimons bien nous dire que nous allons réussir. En s’appuyant sur l’effet Proteus mentionné plus haut, nous pouvons aussi nous imaginer en Superman ou Superwoman en train de s’attaquer à notre sujet du moment qui paraîtra alors plus facile.
Cette méthode est beaucoup utilisée par celles et ceux qui pratiquent la course de fond. Avant de franchir la ligne, ils ou elles se sont souvent répétés “je ne lâcherai pas”.
Si elle fonctionne dans le sens positif, la prophétie auto-réalisatrice fonctionne autant dans le sens négatif. Elle se nomme dans ce cas l’effet Golem. Mais je n’insisterai pas sur ce point qui est souvent bien mieux connu et beaucoup plus expérimenté par celles et ceux qui manquent de confiance en eux.
Si vous êtes bien conscients des dégâts qu’ont causés en vous ces phrases négatives de vos parents, de vos professeurs et de vos managers, et bien dites-vous que les phrases positives sont aussi puissantes et commencez dès aujourd’hui à les utiliser.
Développer sa fierté
Je constate régulièrement que les personnes ayant une faible confiance en elles ne savent généralement pas apprécier les compliments. Dès qu’elles en reçoivent, elles cherchent à les éviter, relativisent leur valeur, voire même les réfutent en accusant celui qui les prononcent d’être un menteur, ou tout au moins un hypocrite.
Même face à une réussite évidente, la personne en manque de confiance a tendance à minimiser sa contribution et à relativiser la difficulté de la tâche accomplie pour dévaloriser son propre travail et ainsi rester dans son schéma habituel d’incapable.
Ce comportement de type cercle vicieux empêche réellement de construire la confiance, puisque même un travail réussi n’est pas considéré comme valorisant.
Si l’on est attentif, les compliments sont plus nombreux qu’on croit même pour nous les français qui avons la critique facile. Il faut juste savoir les repérer, les entendre et les prendre pour soi avec fierté.
La fierté : mot ô combien ambigu et connoté négativement ! La fierté vue comme de l’orgueil mal placé et de l’arrogance condescendante revêt tous les habits du mauvais compagnon.
J’ai mis de longues années avant d’utiliser ce mot à la première personne : “je suis fier de ce que j’ai accompli” mais aussi “je suis fier de toi”. C’est pourtant une façon assez saine de construire sa confiance et celle des autres.
Lorsque je termine un chantier de bricolage par exemple mais aussi un article de cette Newsletter, il m’arrive souvent de passer de longues minutes à contempler le résultat, en me remémorant les différentes étapes, les difficultés surmontées, mais aussi les bonnes idées qui ont permis de trouver des solutions, pour finalement constater avec plaisir que le résultat final est plaisant. Ce travail de conscientisation d’une œuvre accomplie procure de la fierté positive et construit un peu plus la confiance.
Cette fierté est l’expression d’un parcours intérieur qui passe par les étapes suivantes : je constate la valeur et la qualité du travail accompli, je me remercie pour cela, et j’en éprouve ainsi de la satisfaction véhiculée par la dopamine. Comme pour d’autres sources de plaisir, cette expérience est addictive et je chercherai donc à la reproduire en me mettant dans une nouvelle situation de succès.
La fierté permet donc d’entraîner le moteur de la confiance en soi, qui appelle de nouveaux succès qui alimentent à leurs tours la fierté.
J’aime beaucoup dire à quelqu’un “je suis fier de toi”. Il ou elle vient d’accomplir avec succès une tâche difficile. Je prends beaucoup de plaisir à verbaliser ce succès en explicitant les points particulièrement réussis et en reliant ceux-ci aux efforts et aux qualités que la personne a mobilisées pour y parvenir. Quand je suis pour partie impliqué dans le travail réalisé (en ayant participé en tant qu’équipier au projet, en étant le manager de la personne ou en étant simplement un proche en soutien), je peux alors dire “je suis fier de toi” ce qui signifie “je suis aussi heureux que si c’était moi qui l’avait fait”, et j’exprime ainsi ma reconnaissance.
Cependant pour éviter de créer un lien de dépendance, je m’empresse de rajouter “tu peux être fier ou fière de toi”. J’invite ainsi l’autre à bien considérer sa performance à sa juste valeur et à ne pas la minimiser, afin de l’aider à consolider sa confiance. La confiance doit se construire sur le résultat des actions et pas seulement sur le regard des autres.
Faire du mieux qu’on peut
La fierté ne dépend pas du regard des autres mais est le résultat de la confrontation de soi-même avec son projet.
L’acteur Alexandre Astier explique cette réalité dans une interview pimentée ! “Si vous n’avez pas confiance en vous, c’est la seule chose qui vous fait descendre, la seule chose qui différencie les gens qui font de ceux qui ne font pas, c’est juste une impression de légitimité quant au fait de faire. Ça veut dire, j’ai la position de quelqu’un qui fabrique, que ce soit bon ou que ce ne soit pas bon, ça ne me regarde pas, que les gens aiment ou qu’ils aiment pas, ça ne me regarde pas, je dois faire ce que je dois faire, je dois le faire avec tout ce que je peux y mettre, je dois le faire en ne ménageant pas mes efforts, je dois faire du mieux que je puisse mais si je fais du mieux que je puisse, si ça ne vous va pas, c’est pas grave, si vous ne m’aimez pas, ne regardez pas ce que je fais, c’est tout.”
L’acteur explique avec ses mots le syndrome de l’imposteur, situation de celui ou celle qui pense être dans une position de faire quelque chose pour laquelle il ou elle ne se sent pas légitime. Il le résout en conseillant de faire de son mieux sans se préoccuper du regard des autres.
Le travail, le sérieux, l’énergie, l’application que nous mettons à faire quelque chose sont les meilleurs garants du succès, et donc les meilleurs alliés de la confiance.
En faisant nos meilleurs efforts, nous sommes certains de progresser et donc in fine de réussir. Quelque soit l’opinion de celles et ceux qui nous observent, avançons résolument sur le chemin qui est le nôtre et soyons fiers de cela.
Être son propre ami
A l’heure où le développement personnel est presque devenu une religion, travailler sa confiance est certainement le meilleur investissement qui soit.
Le plan en quatre étapes présenté plus haut ne dépend que de nous : identifier nos points forts, verbaliser notre réussite avant et pendant un projet, développer notre fierté et faire de notre mieux.
Pour vous encourager dans cette démarche, un dernier conseil du grand philosophe antique Sénèque : “Quel progrès, me direz-vous, ai-je fait ? J’ai commencé à être l’ami de moi-même.”
En étant pour soi-même, l’ami bienveillant qu’on n’a peut-être jamais eu, le chemin à la recherche de la confiance sera moins difficile.
La minute d’informations
Je me permets de partager ici des informations ou activités sans liens obligatoires avec le thème de l’article, mais dans lesquelles je suis impliqué.
Innover comme on prépare un marathon : à chaque entreprise sa démarche !
Webinaire, Mardi 14 novembre, de 11h à 12h
Grâce à ce webinaire animé par Stéphane Langlais, chargée d’acctompagnement des entreprises chez Laval Mayenne Technopole, découvrez ou re-découvrez l'intérêt d'adopter une démarche innovation dans votre entreprise, les grands types de démarche qui existent, et des conseils pour définir LA démarche d'innovation qui conviendra à votre entreprise.
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